Congrès des franco-romanistes, Münster,
24-27 septembre 2014
Appel à communication pour la section
organisée par
Renaud
Lagabrielle (Wien) / Timo Obergöker (Chester)
Le succès remporté auprès du
public comme de la critique par On
connaît la chanson d’Alain Resnais en 1997 peut être considéré comme la
marque de la résurgence de films français dans lesquels la chanson joue un rôle
central. De fait, alors que depuis la fin des années 1950, de tels films
occupaient une place tout à fait marginale dans la production
cinématographique, depuis la fin des années 1990, plusieurs films importants
dans lesquels la parole parlée alterne avec la parole chantée sont sortis sur
les écrans.
Quelques-uns
de ces films ont connu un certain succès – l’on pense à Huit femmes, aux deux films de Christophe Honoré, Les chansons d’amour et Les Bien-Aimés ou encore à Jeanne et le garçon formidable, qui
revisitent le film musical « à la française » dans la tradition de
Jacques Demy, mais aussi aux biopics de chanteurs et de chanteuses (La môme, Gainsbourg, vie héroïque ou encore Cloclo) ou à des films dans lesquels des (personnages de)
chanteurs/chanteuses et/ou des chansons jouent un rôle central : Les choristes, Podium, Quand j’étais
chanteur, Stars 80 ou encore Jean-Philippe, pour n’en citer que
quelques-uns. Mais un certain nombre continuent d’être mal connus, de la part
du public, et méconnus, de la part de la critique universitaire : souvent
réunis sous l’appellation « comédie musicale », ils demeurent par là
associés à la culture populaire – Hollywood, comédies grand public et chanson
–, ce qui semble les rendre peu dignes
d’être l’objet de la recherche universitaire.
La section veut prendre le
contre-pied de cette (dé)considération et montrer la richesse et la complexité
des films musicaux, qui, à la croisée des études cinématographiques, de la
musicologie et de l’histoire culturelle, représentent un formidable objet
d’étude interdisciplinaire. Cette richesse et cette complexité, desquelles la
présence de chansons participe de manière essentielle, se manifestent aussi
bien au niveau esthétique et narratif qu’au niveau thématique. Si le choix d’intégrer
des chansons dans le récit filmique correspond parfois à une volonté de donner
de la légèreté au film, ceci ne signifie pas que les films musicaux ne
proposent par définition que des sujets simples de manière simpliste – ce qui
leur a souvent été et est souvent reproché. De nombreux films semblent au
contraire avoir pour maxime cette déclaration de Jacques Demy, qui
« vou(lait) qu’on accepte cette légèreté mais qu’on ne la prenne pas à la
légère » (cité in C. Taboulay, Le
cinéma enchanté de Jacques Demy, Paris 1996, p. 93).
La section se propose de
travailler sur la période allant des Parapluies
de Cherbourg et des Demoiselles de
Rochefort, films avec lesquels Demy, après René Clair, a établi le genre du
film de comédie musicale en France, en devenant la référence incontestée, à
aujourd’hui. Ceci nous permettra notamment de voir comment aussi bien
l’esthétique des films de Demy que de nombreux thèmes qui y sont abordés – de
l’amour à la mort en passant par des événements historiques, les inégalités sociales
et des questions liées aux identités sexuées et sexuelles – se retrouvent, sous
des formes plus ou moins explicites, dans des productions plus contemporaines,
qui les reprennent, les transforment, les élargissent. Mais aussi de nous
pencher sur des films dans lesquels la chanson joue certes un rôle important,
mais dans des contextes diégétiques et des formats esthétiques n’ayant rien à
voir avec Demy.
D’où le large éventail de
questions qui pourront être abordées :
- Relations entre chansons
et récit (niveau narratif et esthétique)
- Chanson et film, mémoire collective et le patrimoine culturel
- Questions de musicologie: typologie des chansons, aspects musicaux
- Mémoires cinématographiques: intertextualité, références (tradition
américaine notamment), filiations
- Répercussions des moments
chantés sur le jeu des acteurs et des actrices, questions de la performance
- Questions liées aux
(constructions de) stars, notamment dans les biopics
- Des questions de (trouble dans le) genre: féminité, masculinité,
androgynie, désirs
- Paratexte, politique culturelle, politique éditoriale
- Aspects historiques questions d’histoire culturelle – comme la présence
de la Guerre d’Algérie dans Les
Parapluies de Cherbourg, le gaullisme dans Les Demoiselles de Rochefort etc.
- Réception
Cette section s’adresse donc aussi bien aux chercheurs et chercheuses en
études filmiques qu’aux musicologues mais aussi aux historiens et historiennes,
aux linguistes, aux sociologues et aux didacticiens et didacticiennes.
Une publication des actes du colloque est prévue.
Veuillez adresser vos propositions de communication au plus tard le 31
janvier 2014 à