2012/11/26

Colloque « La Traduction des émotions dans les musiques de film » 18 & 19 décembre 2012 (Lyon, France)



Journée d'étude :
Mardi 18 décembre, 9h-18h
Université Lyon 2, Amphi Benvéniste, 7 rue Raulin, Lyon 7eme

Projection (en présence du compositeur C. Héral) :
Mardi 18 décembre, 18h30
Amphi Benvéniste

Master-Class de C. Héral :
Mercredi 19 décembre, 9h-17h
Salle d'orchestre B102, 1er étage.

Comité scientifique

Martin BARNIER (PR, Etudes cinématographiques, Passages XX-XXI, Université Lyon 2)

Muriel JOUBERT (PRAG musicologue, Passages XX-XXI, Université Lyon 2)
Bertrand MERLIER (MCF HDR et compositeur, musique à l’image, Passages XX-XXI, Univ. Lyon 2)
Philippe ROGER (MCF, Etudes cinématographiques, Passages XX-XXI, Univ. Lyon 2)
Barbara TILLMANN (CNRS, UCBL, neuropsychologie de la musique, Univ. Lyon 1)



Organisateurs

Muriel Joubert
PRAG (professeur agrégé) au département de Musicologie de Lyon 2 et chercheur associé à l’E.A. Passages XX-XXI, Muriel Joubert est également auteur d’une thèse intitulée « Matière, espace, temps : la musique de Debussy à la rencontre des arts et des lettres ». Après une réflexion esthétique initiale sur la période artistique de Debussy, elle a élargi son champ d’investigation à l’ensemble de la musique du XXe siècle, par des participations à différents colloques internationaux et par des publications d’analyse ou d’esthétique comparée sur les musiques de Berg, Dutilleux, Ligeti et Saariaho, ou encore sur des musiques de film. Dans une démarche qui entrelace l’analyse, la dimension perceptive, la psycho-acoustique et des correspondances esthétiques, Muriel Joubert mène actuellement un travail plus général sur la notion de profondeur en musique.

Bertrand Merlier
Maître de conférence en informatique musicale au département de Musicologie de Lyon 2 et chercheur à l’E.A. Passages XX-XXI, compositeur.     
Coordonne et dispense les enseignements liés à la création musicale par informatique, la musique électroacoustique, le multimédia, les techniques de studio... 
Co-directeur du Master professionnel MAAAV (Musiques Appliquées aux Arts Visuels) : www.maaav.fr     
Co-fondateur du GETEME (Groupe d'ÉTudes sur l'Espace en Musiques Électroacoustiques) 
Thèmes de recherche :
• interfaces gestuelles en musique électroacoustique,          
• spatialisation de la musique électroacoustique. En 2006, il a publié le Vocabulaire de l'espace en musiques électroacoustiques aux éditions Delatour France.

Journée d’étude du mardi 18 décembre

Programme de la journée

9h-9h30 :             Accueil

9h30-10h :           Denis Le Touzé (Université Lumière Lyon 2), Fonctions formelles et émotionnelles des extraits musicaux dans le film Shining de Stanley Kubrick

10h00-10h30 :    Philippe Roger (Université Lumière Lyon 2), Le déplacement des émotions : « Terre sans pain », son modèle et ses suites

10h30-11h :        Pause
 
11h-11h30 :        Florine Andrieux (CRIA, EHESS Paris), Les émotions dans les stratégies de production de la musique publicitaire

11h30-12h00 :    Rebecca Margolin (Université Paris 7 Denis Diderot), Les émotions et leur ombre radiophonique

Repas
14h-15h30 :        Conférence de Michel Imberty (professeur émérite de l’Université Paris – Ouest – Nanterre – La Défense), Les origines des émotions musicales : le point de vue de la psychologie et de la neurobiologie 

15h30-16h00 :    Carlos Henrique Silveira (Université Lumière Lyon 2 et Université Lyon 1), Musique de film, attentes et émotion

16h00-16h30 :    Pause

16h30-17h :        Coralie Vincent (CNRS / Université Paris 8), Voix chantée et émotion dans le cinéma de James Cameron : une étude empirique

17h00-17h30 :    Gérard Dastugue (Institut Catholique de Toulouse), La musique de films est-elle (un discours) univoque ?
Amphi Benvéniste, 7 rue Raulin, LYON 7e                                   9h00 à 18h00

Projection d'un long-métrage de film d'animation

présenté par le compositeur Christophe Héral.
Amphi Benvéniste, 7 rue Raulin, LYON 7e                                   18h30 à 20h00

Masterclass du mercredi 19 décembre                              ouvert au public

en présence de Christophe Héral, compositeur

Programme de la journée


9h-10h30 :       Conférence-discussion autour de la composition de musiques de Jeux vidéos
10h30-10h45 : Pause
10h45-12h15 : Échanges autour de travaux d’étudiants

Repas

14h30-16h : Conférence-discussion autour du film
16-17h00 : Échanges autour de travaux d’étudiants (suite)

Salle B102, 1er étage, 18 quai Claude Bernard, LYON 7e              9h00 à 17h00



Christophe Héral
De Pépère & Mémère (Vitali) à l'Ondée (Coquart-Dassault) en passant par Petite Jeune Fille dans Paris (Flowerday) , I love you my cerise (Carmona), Picore (Bertin) et La Queue de la souris (Renner), le court métrage d’animation jalonne le parcours musical de Christophe Héral.
            Il a composé la musique de
Beyond Good & Evil, un jeu video de Michel Ancel, ainsi que celle de deux longs métrages d'animation français, L'Île de Blackmor (Jean François Laguionie) et Kerity, la maison des contes (Dominique Monfery).           
            Dernièrement après le court métrage de Anne Larricq,
La douce (grand prix et prix de la meilleure musique au dernier festival du cinéma d’animation Français), Christophe Héral a composé la musique de Tintin et le Secret de la Licorne et Rayman Origin’s, deux jeux vidéo sortis en 2011, et vient de terminer Au Poil, un court métrage de Hélène Friren.      
            Il travaille actuellement sur
Rayman Legend ainsi que sur le projet musical de la Contrebasse voyageuse qui réunit 6 orchestres et chœurs d’enfant en Méditerranée (Montpellier, Palma, Tunis, Thessalonique, Beyrouth, et Le Caire).



 Journée d’étude du mardi 18 décembre

Résumé des interventions et mini CV

9h30-10h : Denis Le Touzé (Université Lumière Lyon 2), Fonctions formelles et émotionnelles des extraits musicaux dans le film Shining de Stanley Kubrick

Dans le film Shining de Stanley Kubrick, la famille Torrance est confinée pour l’hiver dans un hôtel de montagne très isolé. Le père, Jack, semble voué à s’enfoncer dans une folie qui pourrait le conduire au meurtre de son fils Danny et de sa femme Wendy. La part d'incertitude réside alors dans le jeu des forces qui opposent les trois personnages.

Dans ce contexte il convient au musicologue de savoir comment les extraits musicaux de  Bartók, Ligeti et Penderecki, choisis par le cinéaste, contribuent à renforcer l'angoisse d'un spectateur en empathie avec les personnages, ou lui donnent au contraire les moyens d'une distanciation émotionnelle. Au-delà d'une musique qui semble uniformément vouée à générer un climat d'angoisse, on verra également, par une analyse détaillée des langages musicaux, comment la musique de Bartók, plus mélodique, se différencie, dans son contenu comme dans sa fonction au sein du film, des musiques de texture de Ligeti et de Penderecki.

Denis Le Touzé enseigne en tant que Maître de Conférences à l’Université Lumière-Lyon 2, et dirige des travaux dans les domaines de l’écriture et de l’analyse musicale. Il poursuit des recherches en analyse musicale (techniques d’analyse de la musique tonale et atonale, sémiologie de la musique). Il a communiqué sur Hyacinthe Jadin, Mozart, Schubert, Witkowski, Debussy, Webern, Ligeti, Janáček, ainsi que sur certaines questions données au Capes et à l’Agrégation de musique (« bruit et musique », « musique et révolution »). Il est membre de l’équipe de recherche de l’Université de Tours sur « musique et transversalité ».

10h00-10h30 :    Philippe Roger (Université Lumière Lyon 2), Le déplacement des émotions : « Terre sans pain », son modèle et ses suites

Dans son unique réalisation documentaire — tournée en 1933 et achevée en 1936 : Terre sans pain, — Luis Buñuel propose un dispositif audiovisuel inédit, hautement paradoxal, qui entend remettre en cause les habitudes du public de cinéma, tout particulièrement dans son rapport à la musique de film : le cinéaste parvient en effet à utiliser une musique (en l’occurrence la Quatrième symphonie de Johannes Brahms) pour ce qui apparaît un double but : susciter et détruire l’émotion. Plus précisément, susciter une certaine émotion, et l’annuler au profit d’un autre type d’émotion. Il y a là un cas assez exceptionnel, dans l’histoire du cinéma, de réflexion rigoureuse sur les pouvoirs affectifs détenus par la forme musicale, et les moyens mobilisables pour contrer cette émotion dans un but déterminé. L’intervention cherche à expliciter ce paradoxe et à en mesurer les effets sur les œuvres d’autres cinéastes marqués par le dispositif bunuelien.

Maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Lumière Lyon 2, Philippe Roger est l’auteur d'ouvrages consacrés à des films de Max Ophuls (Lettre d’une inconnue), Jean Grémillon (Remorques), Edmond T. Gréville, Gérard Blain et Jean-Claude Guiguet (il a édité les écrits de ce cinéaste (Lueur secrète) en 1992 et publié en 1999 une étude sur son dernier long métrage, les Passagers). Il a également signé un ouvrage d’ensemble sur la façon dont la ville de Lyon a été filmée. Critique aux Études, où il tient une chronique régulière, et à Jeune cinéma, Philippe Roger réalise des films documentaires (dont le long métrage, le Récital de Besançon, consacré au pianiste Dinu Lipatti) et a coordonné avec Michel Serceau le numéro de CinémAction consacré aux Archives du cinéma et de la télévision.

10h30-11h :        Pause

11h-11h30 :        Florine Andrieux (CRIA, EHESS Paris), Les émotions dans les stratégies de production de la musique publicitaire

Dans la thèse que je prépare sur l’élaboration de la musique publicitaire, j’adopte le point de vue de ses producteurs c'est-à-dire le compositeur, le réalisateur mais aussi les responsables des sociétés de production audiovisuelle, des labels musicaux, des agences musicales et des agences de publicité.
Lors de la journée d’étude, je souhaite montrer comment les choix stratégiques, musicaux et non musicaux, réalisés par ces différents acteurs au cours des étapes de l’élaboration musicale, influent sur le résultat sonore et sur les émotions ressenties. Nous verrons ainsi que la musique est choisie ou composée en fonction de son adéquation à la marque et de ses effets attendus chez le public ciblé qui sont, entre autres, de nature émotionnelle.

En effet, dès la phase de réflexion musicale, les acteurs utilisent des mots-clés décrivant des émotions et des états suscités par la musique pour concevoir des outils facilitant le travail collectif, que je me proposerai d’analyser. J’étudierai ensuite dans quelle mesure les méthodes de travail développées par les agences de publicité, à l’aide desquelles elles conçoivent la stratégie publicitaire des marques, mènent à un résultat sonore différent. Je présenterai, dans un troisième temps, les différentes stratégies des réalisateurs et des responsables d’agences musicales dans leur choix soit d’utiliser une musique préexistante, soit de faire composer une musique originale. Pour cela, je distinguerai quatre fonctions musicales répondant à des objectifs publicitaires distincts. Enfin, je montrerai que les différents modes de synchronisation des canaux visuel et sonore sont autant susceptibles de susciter des émotions que la musique elle-même.

Après avoir obtenu une maîtrise en commerce et en communication et un master en musique, Florine Andrieux est actuellement doctorante contractuelle en musicologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris. Depuis 2010, elle travaille sous la direction de Laure Schnapper sur l’élaboration de la musique publicitaire.

11h30-12h00 :    Rebecca Margolin (Université Paris 7 Denis Diderot), Les émotions et leur ombre radiophonique

Objet de théâtre pour l’œil et pour l’oreille, Farben (2006) dramatique radiophonique contemporaine de Mathieu Bertholet consacrée à l’ascension du chimiste allemand d’origine juive Fritz Haber, favorise, par sa mise en ondes, la traduction de l’émotion, du son vers la sensation et l’image mentale.
Trois fonctions de la musique s’y retrouvent : la fonction de setting, qui confère à la fiction un cadre référentiel (airs classiques de compositeurs signifiants au regard du contexte historique comme Mahler et Wagner) ; la fonction structurelle (grâce aux leitmotive de musique électro-acoustique le plus souvent) qui donne un sens à la construction dramatique ; enfin, la fonction de mimesis ou d’évocation des affects et souvenirs par la musique, les bruitages et le silence. 

Ainsi les émotions sont-elles traduites par une esthétique de l’amplification de l’affect par identification, mais aussi par superposition et entrelacs sonores qui jouent du contraste avec une sensation attendue. La transposition radiophonique constitue dès lors une herméneutique plus subtile, qui travaille sur les ressentis et les images. 

Après avoir suivi un cursus littéraire en classes préparatoires,  Rebecca Margolin a poursuivi ses études à l’ENS de Lyon. Elle allie ses deux passions, la littérature et la musique, dans ses mémoires de recherche. En 2008, elle obtient avec mention très bien un Master 1 de littérature comparée (Les Écrits d’Erik Satie, une musécriture), sous la direction d’Éric Dayre, à l’ENS LSH. Elle participe alors également aux rencontres Sainte Cécile d’Aix-en-Provence et contribue à l’ouvrage Musique et littérature sous la direction d’Aude Locatelli. 
            Elle est reçue au CAPES de Lettres Modernes en 2009, et est admissible à l’agrégation de Lettres Modernes en 2010. Enseignante en lycée, elle réalise en 2012 un Master 2 de littérature comparée sous la direction de Martin Kaltenecker, à l’université Paris VII-Denis Diderot, sur le sujet suivant : Avatars radiophoniques et scéniques de deux écritures théâtrales contemporaines : Noëlle Renaude et Mathieu Bertholet. Elle obtient la mention très bien. En parallèle, elle travaille dans le milieu de l’édition.

14h-15h30 :        Conférence de Michel Imberty (professeur émérite de l’Université Paris – Ouest – Nanterre – La Défense), Les origines des émotions musicales : le point de vue de la psychologie et de la neurobiologie 

Les origines des émotions en musique peuvent être recherchées dans au moins deux directions. Dune part, la psychologie des débuts de la vie a acquis un grand nombre de connaissances sur la façon dont les bébés échangent et communiquent leurs émotions avec leur entourage, notamment par la voix, bien avant le langage. D’autre part, les découvertes des dix dernières années dans le domaine du fonctionnement cérébral montrent combien la compréhension des émotions est une fonction essentielle de la cognition et de la vie sociale. Les images, les mouvements, les gestes de la vie quotidienne qui naissent de cette activité du cerveau sont d’abord organisés par les émotions et leur dynamique temporelle qui lie passé, présent et devenir, de sorte que ce n’est donc pas un hasard, si, dans le monde, tant de gens regardent des images cinématographiques, écoutent de la musique ou assistent à des représentations théâtrales. La double nature émotionnelle et narrative de l’activité cérébrale les y convie.

Professeur Émérite de Psychologie à l'Université de Paris Ouest – Nanterre - La Défense dont il est Président Honoraire, et créateur du Groupe de Recherche Psychomuse, Michel Imberty a une triple formation, philosophique, musicologique et psychologique. Professeur invité dans de nombreuses universités étrangères, en particulier à Bologne, Rome, ses recherches se situent aux frontières de ces trois champs disciplinaires. Michel Imberty est l’auteur de plus de 180 publications dont on peut retenir surtout les ouvrages sur le développement musical de l’enfant, le temps musical, les articles sur la musique et l’inconscient, sur Debussy, Mahler, Wagner, Berg, Berio, Boulez, la musique spectrale, et les recherches sur la cognition musicale, principalement dans le cas de la musique atonale.

15h30-16h00 :    Carlos Henrique Silveira (Université Lumière Lyon 2 et Université Lyon 1), Musique de film, attentes et émotion

Les études sur les émotions évoquées par la musique de film traitent surtout de la perception esthétique d’une certaine émotion perçue comme étant celle émanée de la musique (ou de la scène). Le spectateur reçoit une information musicale, et il évalue la situation comme étant triste par exemple. Même si l’évaluation cognitive est un sous-composant important d’une réponse émotionnelle, elle ne renseigne pas vraiment sur le sentiment du spectateur. La perception d'une émotion contraste avec l'induction de celle-ci.

La musique et le film évoquent des émotions à travers des mécanismes perceptifs et cognitifs qui ne sont pas uniques à eux-mêmes. Un des mécanismes cognitifs plus généraux, et qui dans la plupart du temps est pré-attentif et préconscient, est le phénomène des attentes. Nous allons voir dans notre communication comment les attentes musicales et audiovisuelles peuvent participer à la perception et à l’induction des émotions dans l’expérience cinématographique.

Carlos Henrique Silveira a fait ses études de musique, au Brésil, à l’Université Fédérale d’Uberlândia. En 2008 il a intégré la promotion 2008/2009 du master pro Musiques Appliquées Aux Arts Visuels, à Lyon-2. Dans le même établissement, il continue en 2009 ses études sur la musique de film, cette fois-ci avec une approche plus analytique. Actuellement, il est doctorant, en troisième année de thèse, en études cinématographiques à l'Université Lumière Lyon-2 & Lyon Neuroscience Research Center (Univ. Lyon 1). Il développe une recherche sur l’effet de la musique de film sur le spectateur, sous la direction de Martin Barnier (Univ Lyon 2) et Barbara Tillmann (Lyon Neuroscience Research Center, CNRS UMR5292; INSERM, U1028; Univ Lyon 1). Depuis 2010, il présente son travail sur la musique de film lors de conférences, notamment : « Le rôle de la musique de film : l'analyse des attentes du spectateur » (journées JJCAAS à l’IRCAM, Paris, 2010) ; « The Revenge of Frankenstein, 1958, musical and sound analysis » (co-écrit avec Martin Barnier pour NECS, Londres, 2011) ; « La place de la technologie dans l'analyse de la musique de film » (The Impact of Technological Innovations on the Historiography and theory of Cinema, Montréal, 2011) ; « Archives sur l’internet et l’étude de la musique de film » (AFECCAV, Paris, 2012), entre autres. Il est aussi compositeur de musique de film, danse et théâtre.

16h00-16h30 : Pause

16h30-17h :        Coralie Vincent (CNRS / Université Paris 8), Voix chantée et émotion dans le cinéma de James Cameron : une étude empirique

Le système empathique induirait la réponse émotionnelle portée par des séquences musicales (Molnar-Szakacs et Overy, 2006). Nous faisons donc l’hypothèse que la voix chantée (vocalises sans paroles) agit comme un excellent catalyseur sonore d’émotions - peut-être même “le meilleur”...
Le cinéma, dont l’un des buts ultimes est la création d’une réponse empathique (Gaut, 2010), est ici notre objet d’étude. Nous nous proposons d’analyser la bande-son des huit films non-documentaires du réalisateur américain James Cameron dont l’œuvre de fiction, à la fois spectaculaire et très populaire, a valeur d’exemple. L’une des clefs de ses films archétypaux, dont beaucoup se sont inspirés, est en effet précisément leur impact émotionnel sur le public. Nous établirons alors une typologie des séquences mettant en jeu la voix chantée pour tenter de répondre à notre question.

Coralie Vincent entre au CNRS en 2003, après l’obtention du diplôme de musicien- ingénieur du son délivré par le CNSMDP. Elle occupe actuellement le poste d’ingénieure en techniques expérimentales au sein du Laboratoire "Structures Formelles du Langage" (CNRS / Université Paris 8), où elle conçoit des expériences impliquant oculométrie, capture de mouvement, acquisition de données multimodales et corpus audiovisuels.     
            Ses propres recherches portent sur les modifications appliquées à la voix (chantée, mais aussi parlée), que ces modifications soient d’origine "physiologique" (technique d’articulation d’un chanteur, reconstruction du larynx...) ou "technologique" (ingénierie sonore, synthèse vocale...). Elle s’intéresse en particulier à l’étendue du potentiel créateur de la voix au cinéma, ainsi que dans les musiques populaire et savante depuis l’avènement de l’enregistrement sonore.

17h00-17h30 :    Gérard Dastugue (Institut Catholique de Toulouse), La musique de films est-elle (un discours) univoque ?

Dans le cinéma des origines, la volonté de standardisation des projections a eu recours à l’élaboration de cue sheets qui permettaient de vectoriser et normaliser l’émotion du public à travers les différents territoires. Les processus et thématiques de conversion musicale de David Wark Griffith ont ensuite légitimé la composition d’une bande originale autour d’œuvres du répertoire afin d’influencer les spectateurs dans leur perception du récit.

Empruntant au mélodrame, la musique de film non seulement accompagne esthétiquement l’action mais elle induit narrativement un sous-texte, véritable développement discursif parallèle. L’exemple de Psycho d’Hitchcock est révélateur : si le visuel découvre le visage véritable du tueur dans l’ultime plan, la partition de Bernard Herrmann le révèle jusqu’à le pointer du doigt dès l’assassinat de Marion Crane commis.

Bien au-delà de l’émotion qu’elle fait naître chez le spectateur, la musique d’un film sollicite les capacités cognitives de ce dernier, « sujet tout-percevant » pour reprendre les termes de Christian Metz. La projection objective semble résulter en une perception subjective pourtant orientée.
Cette communication posera la question de l’émotion véhiculée par une pièce musicale et sa capacité à nuancer/bouleverser/convertir une séquence, faisant de ce contrat audio-visuel un nouveau discours que l’image seule ne peut suppléer. Une expérience de Kulechov musical sera également présentée visant à montrer la subjectivité apportée par des musiques à une scène ainsi que le parti-pris du compositeur.   

Gérard Dastugue est maître de conférences à la Faculté Libre des Lettres et des Sciences Humaines (Institut Catholique de Toulouse) où ses travaux portent essentiellement sur l’analyse filmique et la réception de la musique de films, ainsi que sur le cinéma d’animation et de l’enfance et le marketing jeunesse.           
            Rédacteur et éditeur délégué du webzine Traxzone.com (1999-2009) pour lequel il a rencontré de nombreux compositeurs, cinéastes et techniciens, il intervient également auprès de labels musicaux (Lympia Records, Music Box Records) et signe les notes internes de nombreuses éditions discographiques de musiques de films.  
            En septembre 2011, il lance l’équipe de recherche C.E.S. (Cinéma Esthétique Sémiologie). En 2012, il fonde ACE Productions, association de promotion et production d’événements artistiques et culturels et devient directeur artistique de nombreux projets. Il compose également pour le court-métrage et la scène.

Call to paper : 20th and 21st century French and Francophone Studies Colloquium (Atlanta, USA, 28-30 March 2013)

Dear Colleague,
I am looking for a fourth member of a panel on French cinema at the 20th and 21st century French and Francophone Studies Colloquium to be held in Atlanta, Georgia (USA) 28-30 March 2013. The theme is 'Traces', and you will find the conference website here (http://frenchconference2013.gatech.edu/). The panel currently consists of the colleagues/papers you can find below this message. I would welcome paper proposals, direct to me please in the first instance, deadline 15 December.

1. Dr Julia Dobson
Reader in French Film and Performance
University of Sheffield, UK <j.dobson@sheffield.ac.uk>

Title of paper: ‘Material witness: tracking les traces du bonheur in the documentary cinema of Dominique Cabrera’

Documentary film is haunted by complex patterns and tracings. Whilst its form has been dominated historically by a photographic genealogy (with an insistence on the indexical and on visible evidence) it is also necessarily inflected with the devices of narrative fiction through its drive to bear witness to unheard stories. This paper will examine the shifting patterns created by such traces through a discussion of the documentary work of contemporary filmmaker Dominique Cabrera and her quest to capture ‘les traces du bonheur’. Cabrera’s work is permeated by serial investigations of the relationship between the still image and cinema as her films foreground the negotiation of the role of the visual in inscribing the past in the present whilst evading the dominant tropes of the still image which have been associated with mourning, fixity and nostalgia. I will begin with a discussion of Cabrera’s Val Fourré films (1994-5), which challenge the political demonization of high rise estates through an assertion of the haptic traces of inhabitation and sensual memory to bear political witness to the bonheur collectif of the communities that called them home. A second focus will address her more recent first person documentaries Ranger les photos (2009) and O heureux jours (2011) in which the evidential status of the fixed images of family photographs is set in relief through an insistence on the material presence of the filmmaker and the therapeutic function of the filming and of the filmed image.

2. Jenny Munro
Postgraduate Researcher
University of Glasgow, UK <j.munro.2@research.gla.ac.uk>

Title of paper: ‘My sister est ma sœur: music as ungrammatical trace in the cinema of Claire Denis’

Claire Denis’s films have long provided scope for interrogation of the intertextual engagements between their narratives and images, and the music which accompanies them, whether this has been written especially for a specific film, or pre-existing tracks are used. Since 1996, the British band Tindersticks have created six soundtracks for the films of Claire Denis. When writing the scenario for her 1996 film, Nénette et Boni, Denis’s creative process was informed throughout by a Tindersticks song, My Sister, but this song does not appear in the final cut. Rather, we hear a re-working of the track. In reference to her 2001 film, Trouble Every Day, Denis speaks about the influence of another Tindersticks song, Seaweed, on a scene in the film but, despite the fact that Tindersticks contribute the film’s entire score, this particular song is never heard. In her 2008 film 35 Rhums, Denis includes a scene which is influenced by Franz Schubert’s musical setting of Johann Wolfgang von Goethe’s poem ‘Der Erlkönig’, but instead of hearing Schubert’s music, we hear a track by Tindersticks, ‘René’s Death’, which may alter our understanding of the relation between ‘Der Erlkönig’ and 35 Rhums. Referring to the work of Michael Riffaterre, who proposes that important intertextual connections in texts can be found in the indicators of ‘missing’ intertexts, or ungrammaticalities, this paper explores the traces of songs which are crucial in Denis’s creation of stories and images, but are not present aurally in the films themselves.

3. Professor Phil Powrie
Professor of Cinema Studies/Chief Editor of Studies in French Cinema
University of Surrey, UK <p.powrie@surrey.ac.uk>

Title of paper: ‘Generic, intermedial, cultural traces in the big band musical of the 1940s and 1950s’

Since the mid-1990s there has been a resurgence of what might seem like an archaic film genre, the musical, with films by Resnais, Ducastel/Martineau, and Honoré amongst others. It is in this context that I will explore a particular type of musical, the big band film of the 1940s and early 1950s. These films were hugely popular at the time, but have remained absent from the canonical versions of French film history, even in accounts of popular film. This then is a first trace, the ghosts of musicals past. Having identified the historical landscape of the musical as a genre, focusing largely on the films of bandleader Ray Ventura and others associated with him, I shall then explore in more detail how the big band film functions with two sets of overlapping traces. The first is a complex intermedial relationship between radio, vinyl and screen. The second is the presence of US culture, transformed but active as a set of cultural traces both in the narrative and in the music. This paper’s objective is to establish how these three sets of traces—generic, intermedial, cultural—operated at a particular point in French cinema.


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Phil Powrie
Professor of Cinema Studies
Dean of the Faculty of Arts and Human Sciences

The Elizabeth Fry Building
University of Surrey
GU2 7XH

p.powrie@surrey.ac.uk

2012/11/21

Appel à candidatures : Bourses de recherche Maîtrise et Doctorat (Canada, Montréal)

Le laboratoire de recherche-création La création sonore : cinéma, arts médiatiques, arts du son, offre, pour l’année 2012-2013, deux bourses de recherche : l’une, de 3 000 $, à un(e) étudiant(e) de deuxième cycle ; l’autre, de 5 000 $, à un(e) étudiant(e) de troisième cycle.

Le laboratoire de recherche-création La création sonore : cinéma, arts médiatiques, arts du son, se
compose de professeurs, d’étudiants, de chercheurs, d’artistes, qui tous mènent à la fois des activités de création et des activités de recherche, les deux avenues bifurquant bien souvent l’une vers l’autre. Ils sont musiciens, concepteurs sonores ou réalisateurs ; ils sont engagés dans l’écriture d’un mémoire, d’une thèse ou d’un essai sur les différentes pratiques de création sonore dans un contexte audiovisuel. L’esprit qui anime le travail de chacun, et nos activités collectives aussi bien, est un esprit d’exploration, d’expérimentation et de partage de tout ce qui est singulier, original, propre à inventer du possible.

On exige des boursiers qu’ils participent aux activités du laboratoire : participation aux ateliers, présentation régulière de leurs travaux, publication des premières versions de leurs travaux de recherche ou de création sur le site Web du laboratoire, publication de leurs communications ou des textes commandés par le laboratoire de recherche (résumés de lecture, revues de littérature, etc.). On exige évidemment des candidats qu’ils soient inscrits ou aient fait une demande d’admission à un programme d’études supérieures offert par le Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal.

Nous encourageons vivement à déposer un dossier les étudiants dont le projet de recherche est en rapport direct avec l’un ou l’autre des trois objectifs du laboratoire :

Premier objectif : une poïétique de la création sonore

Étudier et faire connaître les différentes pratiques de création sonore, surtout celles qui engagent un dialogue avec l’image, en portant une attention particulière à la singularité de leurs outils et de leurs méthodes, à l’originalité de leur savoir-entendre et de leur savoir-faire, à la diversité de leurs rapports avec le son et l’image ; et favoriser les échanges entre tous les métiers du sonore.

Deuxième objectif : une archéologie audiovisuelle de notre culture de l’écoute

Tracer le portrait de la culture de l’écoute qui a émergé avec les premiers appareils électriques et domestiques d’enregistrement et de diffusion du son, avant de se transformer avec les nouveaux appareils numériques d’archivage, de diffusion et de conversation. À écouter les créateurs sonores, nous constatons a) que les années cinquante à quatre-vingt-dix ont vu se multiplier les techniques sonores ; b) que ces inventions techniques ont débouché sur de nouvelles expériences d’écoute ; c) que ces techniques et ces expériences ont influé sur la création sonore dans le cinéma contemporain et les arts médiatiques.

Troisième objectif : une poétique de l’audio-visuel

Rouvrir un chantier qui occupa jadis beaucoup la création cinématographique, et l’étendre à d’autres formes d’expression artistique (art vidéo, installation, cinéma élargi, jeu vidéo, spectacle multimédia, théâtre, etc.) : expérimentation pratique des figures poétiques (esthétiques, rhétoriques, narratives) obtenues par l’entrelacement du sonore (musique, parole, voix, son, bruit) et du visuel (image, cadrage, plan, scène, montage, etc.).

Les candidatures devront comprendre :
• une description du projet de recherche (1500 à 2000 mots) ;
• une lettre de référence ;
• un travail de recherche déposé dans un cours de premier ou de deuxième cycle et/ou un travail de création (film, vidéo, installation, performance, jeu vidéo, création sonore, musique de film, etc.) ;
• le plus récent relevé de notes.

Date limite de réception des dossiers : le 1er février de chaque année (le cachet de la poste
faisant foi).

Les candidats devront envoyer leur dossier à l’adresse suivante :

Serge Cardinal
Département d’histoire de l’art
et d’études cinématographiques
Université de Montréal
C. P. 6128, succursale Centre-ville
Montréal (Québec) H3C 3J7

Pour obtenir plus d’information, écrivez à l’adresse suivante : serge.cardinal@umontreal.ca

Le laboratoire de recherche-création La création sonore : cinéma, arts médiatiques, arts du son, reçoit le soutien du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada et du Fonds de recherche du Québec — société et culture