Université de Nantes
Colloque International – 30
et 31 mai 2013
Organisé par le Centre
Atlantique de Philosophie,
Sous la responsabilité de Séverine
Abhervé, Cécile Carayol, Philippe Le Guern et Jérôme Rossi
« Musiques de séries télévisées »
Longtemps considérée comme un avatar esthétiquement dégradé et moralement
simpliste de la fiction cinématographique, la série télévisée s’est pourtant peu
à peu autonomisée au sein des études culturelles. Forme
sans doute la plus aboutie, dans la culture mass-médiatique contemporaine, du
récit sériel ou feuilletonesque, elle intéresse autant pour la manière dont
elle met en scène les phénomènes sociaux que pour la diversité des codes et des
stratégies narratives qu’elle mobilise. Ainsi, l’émergence récente de la notion
de « Quality TV » témoigne t-elle d’une conception plus nuancée des
séries télévisées en même temps que de leur légitimation progressive, comme le
montre le nombre grandissant de journées de recherche qui leurs sont
consacrées : Les pièges des nouvelles
séries télévisées américaines : mécanismes narratifs et idéologiques, (Université
du Havre, 2009), Contemporary American TV Series ; Between Fiction,
Fact and the Real (Université Paris-Diderot, 2011), TV Series in the World : Changing Places/Places of exchange (Université
du Havre, 2011) ou encore, Qu’est-ce
qu’une TV de qualité ? (Université
Paris 3, 2012).
Toutefois,
ce sont essentiellement les professionnels engagés dans la fabrication des
séries (auteurs, scénaristes, monteurs…), les publics, les stratégies narratives,
et les représentations du social qui sont étudiées. La musique pour sa part
reste largement ignorée : si la musique de film constitue dorénavant un
important champ d’investigation en France, on ne peut en dire autant en ce qui
concerne son étude dans le cadre de la télévision. Mépris ?
Condescendance ? Absence de spécialistes ? Les équipements – home
cinema, télévision numérique, lecteur blue-ray
– ont pourtant largement contribué à
redonner aux musiques de séries une part importante dans l’expérience du
spectateur ; de même, les thèmes musicaux de ces séries sont un élément
prépondérant de notre mémoire mass-médiatique individuelle et collective. C’est
par conséquent aux musiques de séries TV que nous avons choisi de consacrer ce
colloque.
L’appel à
communications concerne les questions suivantes :
1- Contexte
historique et géographique des musiques de séries
Il
s’agira tout d’abord de replacer les musiques de séries Tv dans un contexte
socio-historique. Comment décrire l’émergence des musiques de séries,
l’évolution historique de toutes les dimensions qui concourent à leur
production, qu’il s’agisse des codes esthétiques, des sons et des instruments
utilisés, des professionnels mobilisés, notamment ? Existe-t-il des
périodes identifiables, des moments charnières, un âge d’or dans l’histoire de
ces musiques de séries ? En outre, existe-t-il des marqueurs géographiques
qui spécifient ces musiques ? Et avec les phénomènes de mondialisation,
assiste-t-on au passage d’une musique locale à une bande son globale ?
2-
Du grand écran à la série :
De nombreux
compositeurs issus du monde du cinéma ont également œuvré pour le petit écran.
C’est le cas, entre autres exemples, de Bernard Herrmann pour Twilight Zone,
d’Antoine Duhamel pour Belphegor. Dans certains cas, les producteurs
font appel à un compositeur reconnu du cinéma pour écrire le générique d'une
série : c’est le cas de Danny Elfman pour Les Simpsons ou Desperate
Housewives. Tout d’abord, comment s’opère le passage d’un univers à
l’autre ? Existe-t-il une sorte d’effet d’homologie entre les compositeurs
les plus légitimes et les films de cinéma les plus valorisés, et à l’inverse
entre les séries les moins prestigieuses et les « seconds couteaux »
de la bande son ? Ou au contraire, la revalorisation de la série TV, qui
peut aujourd’hui être considérée comme un laboratoire de l’innovation formelle,
l’a t-elle rendue attractive auprès des meilleurs compositeurs ? Par
ailleurs, existe-il des codes spécifiques à l’écriture des bandes sons au
cinéma et à la TV ? La série TV impose t-elle des contraintes spécifiques
qui conditionnent un type d’écriture musicale ?
3- Compositeur
de musiques de séries :
Dans le cadre
d’une sociologie des professions, il est intéressant de décrire précisément les
activités qui définissent le champ d’activité du compositeur de musiques de
séries. Quelles sont les limites de son périmètre d’activité ? Est-il
soumis à des contraintes spécifiques, existe t-il un cahier des charges qui
définisse ce qui est attendu de lui ? Comment s’établissent les niveaux de
réputation entre compositeurs ? Quelle est l’économie qui sous-tend ce
type d’activité ? Comment décrire les différentes tâches auxquelles se
livre le compositeur ? Avec quels autres professionnels est-il amené à
collaborer à l’intérieur de ce monde de l’art spécifique ? Les contraintes
– économiques, temporelles, etc. – qui affectent le tournage des séries
ont-elles une incidence sur l’activité du compositeur ? Les compositeurs
sont-ils spécialisés ou facilement substituables ? Le passage au numérique
– avec des logiciels qui remplacent des orchestres entiers, avec la
généralisation des pré-tracks, etc. – modifie t-il le travail du
compositeur ? Comment se construit l’identité professionnelle du
compositeur et existe-t-il des revendications spécifiques au sein de ce groupe
professionnel.
4- Questions de genres :
Comment
décrire les propriétés formelles des musiques de séries TV ? Existe t-il
des codes ou des conventions – tempo, structures harmoniques, sonorités, etc. –
qui caractérisent ce genre de musique, en particulier selon les genres abordés
(comédie, science fiction…) ? Comment décrire les « recettes du
succès » ou les « critères de réussite » en matière de musiques
de séries ? On s’intéressera ici également à l’hybridation croissante des
musiques originales et des bandes sons pré-existantes : certaines bande
sons deviennent des tubes, et symétriquement, certains tubes deviennent la
bande son de séries.
5- Réception
et usages des musiques de séries TV : le spectateur-auditeur
Il ne fait
guère de doute que le générique d’une série est un embrayeur générique et
diégétique mais aussi un embrayeur émotionnel extrêmement puissant. Le
générique est non seulement ce qui nous permet d’identifier la série ou de
l’inscrire dans un cadre générique précis, mais aussi ce qui nous procure un
plaisir bien spécifique. Comment décrire le type de relation que les
spectateurs entretiennent avec ces bandes sons, l’importance quelles revêtent
pour eux ? Dans le cas des fans, que peut-on dire des formes d’attachement
– constitution de collections ? Discussions sur des forums spécialisés ?
etc. – que ces passionnés-experts vouent à leurs musiques préférées ?
Date limite de réponse : 1er décembre 2012. Elles
comporteront obligatoirement les coordonnées institutionnelles de leur(s)
auteur (s), une adresse mail. Ces propositions ne devront pas dépasser 300 mots
Modalités de réponse : Le colloque,
pluridisciplinaire et international, se tiendra à l’Université de Nantes les 30
et 31 mai 2013. Les propositions, rédigées en français ou en anglais, seront
transmises en fichier .doc aux deux adresses suivantes : Philippe Le Guern (philippe.leguern@univ-nantes.fr) et Jérôme Rossi (jerome.rossi@univ-nantes.fr).
Elles contiendront obligatoirement le nom de leur
auteur et la mention de son rattachement institutionnel, son adresse mail, un
titre, un résumé d’une page maximum, ainsi qu’une courte biographie (une
centaine de mots).
La
notification d’acceptation de la contribution sera communiquée le 1er
février 2013, ainsi que l’ensemble des informations pratiques relatives au
colloque, à l’accueil et à l’hébergement des participants.
Coordination : Séverine Abhervé (Paris 1), Cécile Carayol
(Rennes 2), Philippe Le Guern (Nantes et CRAL-EHESS) et Jérôme Rossi (Nantes-OMF)
Comité scientifique : Esteban Buch (CRAL-EHESS), Sabine
Chalvon-Demersay (CNRS - EHESS), Robert Davis (Université de Leeds),
Jean-Pierre Esquenazi (Université Lyon 3), Frédéric Gimello-Mesplomb (Lorraine
- Sciences-Po), Gilles Mouëllic (Rennes 2), Dominique Pasquier (CNRS - Telecom
Paris Tech), Philip Tagg (Université de Huddersfield), Pauline Adenot (OMF),
Nick Prior (Université d’Edinburgh).
Partenaires :
Université
de Nantes (Philosophie, Info-com, Théâtre Universitaire)/EHESS-CRAL/Union des
Compositeurs de Musiques de Films (UCMF)/ Conseil Régional des Pays de la
Loire/SACEM.