2014/10/09

Séminaire : "Le film musical hollywoodien et ses modèles spectaculaires : entre rétro et avant-garde" (novembre 2014 / mai 2015, Paris)

Universités Paris Diderot (Paris 7), Paris Ouest (Nanterre La défense)

Coordination  : Marguerite Chabrol (équipe HAR, Université Paris Ouest Nanterre La Défense) et Pierre-Olivier Toulza (équipe CERILAC, axe EMOI, Université Paris Diderot)

Ce séminaire fait partie du programme de recherche Musical MC² (le Musical hollywoodien en Contexte Médiatique et Culturel), dont le projet est le suivant : alors que le musical est souvent décrit comme l'un des genres les plus spécifiquement hollywoodiens, qui représente une forme d'aboutissement du spectaculaire vers lequel tend le cinéma classique américain dans son ensemble, ce programme replacera le musical cinématographique et les formes spectaculaires qui font sa singularité dans leur contexte médiatique et culturel : les sources du théâtre de Broadway, mais aussi la radio, le disque et la télévision.

Le musical hollywoodien sera envisagé comme un lieu de rencontre, de négociation et aussi de tension entre des formes, des traditions et modèles spectaculaires rétro et d'avant-garde. Le film musical américain a très souvent été à la pointe de l'innovation et de la modernité technologiques, depuis l'époque des premiers talkies jusqu'aux explorations du classicisme finissant : VistaVision pour White Christmas (Michael Curtiz, 1953), procédé Todd-AO pour Oklahomah ! (Fred Zinnemann, 1955)... Pourtant, les formes chorégraphiques et spectaculaires mises en avant par les films de l'âge d'or du musical hollywoodien (de 1929 à 1970 environ) témoignent, souvent au sein d'un même film, de l'influence de modèles culturels presque contradictoires : avant-garde chorégraphique (la référence aux Ballets Russes en général, à Balanchine en particulier) et modernité de Broadway (Bob Fosse, Jerome Robbins...) n'occultent pas des formes plus anciennes ou vernaculaires (danse de salon, claquettes, danse jazz, vestiges du vaudeville...). Pour la musique, les références à des styles classiques ou plus anciens (les valses et pastiches de danses médiévales de Kiss Me, Kate) sont aussi constitutives des spectacles de Broadway que la modernité d’un Bernstein. Alors que certains numéros puisent leur inspiration dans des références modernes – les « ballets » urbains de Guys and Dolls (Mankiewicz, 1955) ou West Side Story (Jerome Robbins et Robert Wise, 1961) –, d'autres font appel à un imaginaire moins contemporain – la vogue des danses françaises dans Un Américain à Paris (Vincente Minnelli, 1951), Can-Can (Walter Lang, 1960) et plusieurs films des années 1950 –, et même à des modèles spectaculaires anciens ou rétro (la présence de séquences inspirées de revues ou de minstrel shows dans certaines comédies musicales classiques). Pour les effets spéciaux, enfin, certains trucages des séquences les plus célèbres de Busby Berkeley, par exemple, sont souvent la reprise d'effets et de techniques utilisés dans des revues de Broadway des décennies précédentes...

L’objectif de ce séminaire sera précisément de mettre au jour les tensions et contradictions entre ces formules et références culturelles et technologiques, dans les numéros, mais aussi dans la construction générale des films musicaux. Si certaines de ces confrontations sont héritées des pratiques de Broadway, nous verrons aussi comment et pour quelles raisons spectaculaires et idéologiques Hollywood a parfois renforcé cette dialectique entre le « rétro » et le moderne d’un point de vue technique comme thématique.

6 séances en 2014/2015 : 

20 novembre 2014
Pierre-Olivier Toulza (Université Paris-Diderot) « Gangsters, marins et bandes rivales : les danses "masculines" de Un jour à New York à West Side Story »

18 décembre 2014
Marguerite Chabrol (Université Paris Ouest Nanterre La Défense) « Cole Porter et le kitsch français : Du Barry Was a Lady, Can Can, Les Girls »

22 janvier 2015
Anne Martina (Université Paris 4) « Black masks in blackface : l’héritage du minstrel show dans la comédie musicale américaine »

5 mars 2015
Fabien Delmas (Université Paris Diderot) « De l’hétérotopie spectaculaire au cosmos scénique. Les scénographies de Vincente Minnelli »

2 avril 2015
Laurent Guido (Université Lille 3) « Images et postures de la danse dans le matériel publicitaire du musical hollywoodien »

7 mai 2015
Frédéric Tabet (IRCAV, Paris 3 / LISAA Paris Est) « L’effet de l’effet, fabrique et conception des interventions techniques spectaculaires »

Lieu     : Université Paris Diderot. Jeudi 17h-19h30.  salle Pierre Albouy (6ème étage du bâtiment des Grands Moulins). Voir le plan : http://www.univ- paris-diderot.fr/DocumentsFCK/implantations/File/Plan_A3_GE_2012-2013.pdf

Contacts : marguerite.chabrol@u-paris10.fr et pierre-olivier.toulza@univ-paris-diderot.fr