2011/04/05

Journées d’étude : « Voix-off et narration cinématographique » (Nice) in French

CIRCPLES – EA 3159
Centre interdisciplinaire Récits, Cultures, Psychanalyse, Langues et Société

Université Nice-Sophia-Antipolis
Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
98 boulevard Edouard Herriot
06240 Nice

Deuxième journée
Jeudi 21 avril 2011


9h30
Silvia Paggi

Propos introductifs : voix-off et documentaires

Silvia PAGGI est professeur d’anthropologie filmique et communication visuelle à l’université de Nice-Sophia Antipolis. Anthropologue-cinéaste, formée à l’école de Jean Rouch et Claudine de France, elle réalise depuis 1985 en vidéo légère des films liés à ses recherches de terrain (Italie, Côte d’Ivoire, Samoa, France, Espagne). Ses publications portent sur les aspects théoriques et méthodologiques du cinéma documentaire en sciences sociales, notamment ethnographique, considéré à la fois comme moyen de recherche et de communication. Des sujets privilégiés traversent ses recherches de terrain : techniques du corps, techniques matérielles, transmissions et apprentissages non-formalisés, mémoire, musiques et danses traditionnelles, l’espace domestique et les activités quotidiennes reliées, notamment des femmes.

10h15
Pascal Laborderie
« Voix-off et film-fable : le cinéma d’éducation populaire à l’épreuve du parlant »


Comment l’étude de la généralisation du parlant dans les films-fables du cinéma éducateur permet-elle de comprendre la participation de la voix over dans la non-fiction ?
L’hétérogénéité énonciative des films-fables correspond aux deux grandes fonctions de la voix over : raconter et commenter. Aussi, l’observation de l’émergence du parlant dans ces films permet d’étudier de manière privilégiée le statut de la voix over dans les films de non-fiction. C’est pourquoi nous proposons de considérer les modalités et les enjeux de l’apparition de la voix over dans les films-fables programmés par les réseaux d’éducation populaire laïque dans les années 1930. Dans un premier temps, nous envisageons la manière dont s’est opéré le transfert médiatique des genres oraux qui encadraient les séances du cinéma éducateur muet, la conférence et le débat avec le public. Dans un second temps, nous distinguons deux catégories de films-fables : le film-conférence dans lequel le récit sert à introduire un exposé et le film-parabole où le récit permet d’illustrer deux comportements opposés. L’étude comparée de l’intégration du parlant dans ces deux catégories permet de mieux appréhender les caractéristiques médiatiques, communicationnelles et narratologiques de la voix over.

Pascal Laborderie a soutenu une thèse intitulée « Le film-parabole dans les Offices du ‘cinéma éducateur’. Histoire d’un cinéma de propagande et étude d’un genre cinématographique » (Paris 3, 2009). Il est associé à l’Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel. Dernière contribution : « Le Voile sacré (Jean Benoit-Lévy, 1926), un film d’éducation populaire dans le réseau du cinéma éducateur laïque » (L’image dans l’histoire de la formation des adultes, dir. Françoise Laot, Paris, L’Harmattan, 2010, pp. 31-48).

11h15
Pause


11h30
Anthony Fiant
« Entre subjectivité et narration :
la voix-off dans quelques documentaires contemporains »


De Raymond Depardon à Chantal Akerman, de Vladimir Léon à Alain Cavalier, de Vincent Dieutre à Henri-François Imbert ou Denis Gheerbrant, nombreux sont les documentaristes contemporains utilisant la voix-off à des fins subjectives mais aussi narratives. Entre voyages, enquêtes ou réminiscences, la voix-off ou voix-je relève alors de l’intimité mais aussi de la narration en ce sens qu’elle organise le récit, retranscrit un itinéraire physique ou spirituel pour aboutir à un questionnement existentiel voire métaphysique.

Antony Fiant est maître de conférences en études cinématographiques à l’université Rennes 2. Il collabore à plusieurs revues de cinéma (Trafic, Positif et Images Documentaires) et est l’auteur de deux essais monographiques : (Et) Le cinéma d'Otar Iosseliani (fut) (2002, L'Âge d'Homme) et Le cinéma de Jia Zhang-ke. No future (made) in China (2009, Presses Universitaires de Rennes).

13h00
Repas


14h30
Valérie Morisson
« Le sens de l’écart : la narration déconstruite dans les vidéos de Willie Doherty »


Dans les œuvres vidéographiques de l’artiste nord-irlandais Willie Doherty, les éléments narratifs entretiennent une relation complexe avec les images filmiques. Témoin de la guerre civile, récepteur méfiant des images du conflit, Doherty n’a de cesse de rappeler que la mémoire individuelle du traumatisme est erratique et le statut de victime problématique. La déconstruction du récit, l’instabilité de la focalisation, ainsi que l’écart, voire l’incompatibilité, entre l’image et le texte qui l’accompagne aboutissent à une réflexion sur les dissensions historiques. La voix-off devient alors un facteur de d’irrésolution.

Valérie Morisson, Maître de Conférences en anglais à l’Université de Bourgogne, Dijon, est l’auteure d’une thèse portant sur l’art irlandais contemporain et ses rapports à l’identité nationale. Elle a publié plusieurs articles relatifs à l’histoire culturelle irlandaise explorant, dans une perspective ethnosymboliste, les liens unissant l’art au champ du politique et l’évolution du nationalisme culturel en Irlande depuis le XIXe siècle.

15h30
Jennifer Cazenave
« La voix-off au féminin : Hiroshima mon amour (1959) et Aurélia Steiner (1978) »


À partir d’une réflexion sur le rapport entre les non-lieux de mémoire et la voix off au féminin dans Hiroshima mon amour, nous analyserons la représentation de la Shoah dans deux courts-métrages de Marguerite Duras, Aurélia Steiner (Melbourne) et Aurélia Steiner (Vancouver).

Docteure en cinéma (Paris 7 / Northwestern University), Jennifer Cazenave a récemment soutenu une thèse sur la représentation des femmes dans Shoah, ainsi que dans les rushes de ce film.

19h00
Projection du film : Afriques : comment ca va avec la douleur ?
(Raymond Depardon, 1996), présenté par Anthony Fiant, à la Cinémathèque de Nice.
Adresse : 3 Esplanade J.F. Kennedy 06034 Nice Cedex 4 (Un covoiturage sera organisé)


Première journée
Jeudi 31 mars 2011


9h30
Stefano Leoncini
Propos introductifs


Membre du CIRCPLES, Stefano Leoncini est docteur en Langues, littératures et civilisations romanes (thèse sur la présence de la télévision dans le cinéma italien des années quatre-vingt). Il est Maître de conférences à l’Université Nice Sophia Antipolis où il dirige le Master pro « Traduction, sous-titrage, doublage des production cinématographiques et audiovisuelles ».

10h00
Alain Boillat
« Le statut des voix-over dans trois films de Joseph L. Mankiewicz (A Letter to 3 Wiwes, All about Eve et The Barefoot Contessa) : pour une approche énonciative de la narration (over) au cinéma »


Analyse comparative axée sur la question du statut énonciatif des narrateurs et narratrices over de trois films hollywoodiens de Mankiewicz qui ont la particularité de construire leur personnage féminin « central » par le truchement des discours d’autres protagonistes.

Alain Boillat est professeur ordinaire à la Section d’histoire et esthétique du cinéma de l’Université de Lausanne. Il est notamment l’auteur de La Fiction au cinéma (Paris, L’Harmattan, 2001) et de Du bonimenteur à la voix-over. Voix-attraction et voix-narration au cinéma (Lausanne, Antipodes, 2007), ainsi que de nombreux articles académiques sur le cinéma, la bande dessinée et la place accordée à la voix au sein de dispositifs audiovisuels.

11h00
Pause


11h15
Silvina Benevent Gonzalez
« Voix et silences chez Isabel Coixet : A los que aman (1997),
La vida secreta de las palabras (2005) et El mapa de los sonidos de Tokio (2009)»


Le recours presque systématique de cette cinéaste à la voix-off laisse présupposer une unité de sens qui reste à démontrer. L'originalité de ces trois films - A los que aman (1997), La vida secreta de las palabras (2005) et El mapa de los sonidos de Tokio (2009)- apparaît dans leur capacité à montrer une voix qui semble incarner la présence mais renvoie paradoxalement à l’absence. De fait, on pourra s'interroger sur l'acte de parole comme véritable lien entre le corps et le code quand la voix-off complète la confession salvatrice et révèle le sens du vécu.
En effet, entre mémoire et prise de conscience, la voix-off dit surtout la douleur de la situation traumatique. Mais est-elle cathartique ?

Silvina Benevent Gonzalez, Docteur en Études Culturelles de l'Université Paul Valéry -Montpellier 3, est actuellement professeur agrégée en Lycée. Ses domaines de recherche sont le cinéma, la littérature contemporaine et la psychanalyse. Elle a écrit notamment les articles suivants : « La Culpabilité transgénérationnelle à travers El séptimo día de Carlos Saura ». « Conceptions du pouvoir chez Carlos Liscano », « La Mémoire de la peur dans La teta asustada de Claudia LLosa ».

12h30
Repas


14h00
Corinne Giordano
« Voix off et articulation du récit filmique dans
Évangile selon St Mathieu, Médée et Œdipe-Roi de Pasolini »

Parler de la voix off dans l’œuvre de Pasolini, c’est indubitablement soulever la question de la mise en place de l’espace filmique: en effet, l’emploi de la voix off ne se réduit pas seulement à une fonction narrative, mais elle contribue à l’émergence d’une mise en scène audio-visuelle. Quelles sont les modalités de la voix off dans le récit pasolinien ? Quel(s) rôle(s) y joue-t-elle ? Comment participe-t-elle à la mise en place du récit filmique ? La voix off n’entraîne-t-elle pas une théâtralisation de la diégèse en se demandant comment oriente-elle le regard? L’enjeu de notre problématique est de comprendre, ou du moins de saisir, comment la voix off investit l’espace spatio-temporel qu’est le récit filmique ? Pour répondre à nos interrogations, nous aborderons à travers le corpus choisi, la question de la vectorisation de la voix off au sein de l’espace filmique, à savoir les notions de verticalité et d’horizontalité dans l’élaboration de cet espace, le rôle de la voix off dans la perception de spatio-temporelle ou encore, la représentation d’une corporéité invisible et l’émergence d’une sensorialité métaphorique.

Corinne Giordano est chercheure associée à l’IRIEC-Montpellier III et au CIELAM- Université de Provence. La question de l’écriture transmodale, ainsi que l’intermédialité, font partie de ses principaux axes de recherche. La notion de la voix off s’impose comme l’une des entrées de cette réflexion.

15h00
Séverine Abhervé
« Quelles frontières sonores pour la voix-off ?
Étude de cas avec le film De Beaux Lendemains, d’Atom Egoyan (1997) »

Dans le film De Beaux Lendemains (1997) d’Atom Egoyan, la voix du personnage de Nicole Burnell subit, tout au long du récit, une modification progressive de son statut narratif qui nous amène à repenser les frontières de la voix-off (voix lue, voix chantée, voix discursive…) et les répercussions que ces traitements ont sur le récit filmique.

Séverine Abhervé est docteur en études cinématographiques de l'Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne). Ingénieur du son et musicienne, ses travaux portent essentiellement sur la musique dans le cinéma. Membre de l'AFFECAV, elle est également chargée de cours pour le Master Pro 2 de cinéma de l’Université Paris 1. Elle est, enfin, l'initiatrice et la coordinatrice d'un projet international de développement de la recherche consacrée à la musique et au son dans le cinéma (http://safmrn.blogspot.com/)

18h00
Projection du film Le roman d’un tricheur
, de Sacha Guitry, à la Cinémathèque de Nice. Film présenté par Alain Boillat.